Angus ne rigole pas à la blague de Jade sur le premier soir, ce qui l'offense plus que toutes les insultes racistes ou homophobes qu'il lui a balancé depuis leur rencontre. Il ne laisse cependant rien voir et balaie les paroles de son hôte d'un signe de la main. Naaah. C'te soirée, elle compte pas. C'était y'a trop longtemps, j'ai retrouvé ma virginité entre temps. Il fait oui de la tête. C'est vrai que c'était une bonne soirée. Bien différente de celles que passait habituellement Jade. Le souvenir est un peu brumeux, par contre. L'alcool, sans aucun doute. Et puis, il s'est passé trop de choses entre ces deux soirées.

Angus repart sur un monologue sur l'ancien appartement de Jade, sur sa propre maison et le brun à vraiment envie de lever les yeux au ciel pour abréger ce laïus. Il le laisse finir par politesse. T'as vraiment une fascination étrange pour le vomi, on te l'a déjà dit ? Il ne dira rien sur le reste parce qu'il sait qu'il ne peut pas duper Angus. Jade peut se la jouer prolétaire autant qu'il veut, il ne vaincra pas sur ce terrain-là. Et en même temps, le blond le fait réaliser que c'est sûrement totalement con, de vouloir à tout prix se coller l'étiquette mec en galère sur le front quand on vient d'un bon milieu. Ça n'a rien de stylé ou d'exotique. La misère n'a rien de glamour lorsqu'elle est réelle. C'est de la moisissure au mur et un parquet noircit par le dernier Ouragan. Pour être sûr de changer efficacement de sujet, Jade retire ses vêtements. Une nouvelle provocation accompagné de ce terme Vanilla qu'Angus ne comprend visiblement pas. A croire que la haine raciale prend plus de place dans sa vie que le sexe. Compris, Vanille. Ne comptez pas sur lui pour expliquer ce mot au blond. C'est encore plus marrant de faire durer le malentendu. Avec un peu de chance, Jade aura même l'opportunité de le surnommer de la sorte devant d'autres qui, eux, auront la référence.

La déclaration de Jade selon laquelle il a envie de l'autre type fait réagir ce dernier. Quant à l'asiatique, ça le fait marrer de l'entendre bougonner de la sorte. C'est y est, t'as fini de grogner ? J'avais pas envie de ton pote. Il soupire. J'voulais juste qu'il me pète le nez pour que tu voles à mon secours. J'crois bien que j'ai réussi. Et ce petit sourire à la con est de retour. Celui qui nargue Angus, qui cherche à le déstabiliser, qui rend impossible de savoir si c'est de la taquinerie ou la réalité.

C'est dans un moment comme ça que Jade ne maudit pas le climat de cet Etat. Il est là, pratiquement nu sur ce canapé sans grelotter. Il y a bien quelques frissons, ici et là, mais l'alcool lui fait croire qu'il a assez chaud pour rester ainsi. Il s'allume sa cigarette, tire une bouffée avant de comprendre ce qu'Angus voulait dire par allumer la sienne. La seconde d'après leurs lèvres sont dangereusement proches. Si les clopes ne lui barraient pas le chemin, Jade aurait passé sa main sur la nuque de l'autre pour l'encourager à braver les derniers centimètres qui séparaient leur bouche. Mais le blond recule avant qu'il n'ait tenté quoi que ce soit. Jade se replace, tête sur les genoux de son hôte, et continue a fumer comme si de rien n'était. Il est soulagé d'avoir autant bu, ça empêche le bas de son corps de réagir à ce moment si intime. Derrière les relents de mauvaises bières et de tabac, il y avait eut un quelque chose qui excitait ses sens. Il fait mine de ne pas voir qu'Angus le regarde et se concentre sur le plafond tâché. Il a peur que, si leur regard se croise, le blond détourne les yeux. Or, Jade veut être scruté dans les moindre détails. Il veut que l'autre fantasme comme lui fantasme quand il se perd dans sa contemplation.

Il est cependant déçu de la question qui rompt le silence. Ce n'est pas vraiment de ça dont il a envie. Hmmm. Nah'. J'ai déjà donné. Il coince sa cigarette entre son majeur et son index après une dernière late et pose ses mains sur son ventre. Il observe Angus comme ce dernier l'a observé, sans que son visage ne transmette quoi que ce soit d'autre que de l'attente. Il veut l'encourager à venir l'embrasser, le forcer à faire le premier pas. Mais comme Jade n'est pas patient, il ne tient qu'une dizaine de secondes avant de se redresser. Il souffle une bouffée de nicotine et abandonne la moitié de cigarette qui lui reste dans ce qui lui semble être un cendrier. Il pose ensuite sa main droite sur le dossier du canapé, non loin du visage d'Angus, afin de s'appuyer. Il se penche, comme s'il voulait l'embrasser, mais s'arrête juste avant. Pourquoi tu refuses de me croire, quand je dis que j'ai envie de toi ? Il parle juste assez fort pour que l'autre l'entende. Leur nez se touche. Jade bouge même légèrement pour que ce contact prenne des allures de caresse. Sa cigarette continue de se consumer lentement dans le cendrier.